Interview d'un étudiant des Beaux Arts, Fabien Conti

Il y a deux ans nous avions rencontré Fabien Conti - dont nous vous parlons dans l'article précédent - et nous avions pu l'interviewer. Comme promis, voici cette interview que nous avions filmé.

C'est loin de sa ville natale qu'est la Seine-Saint-Denis que Fabien Conti nous a donné rendez-vous. Solenn et Maya se sont rendu à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Plantée au cœur de Paris. Rive gauche et bord de Seine cette école accueille de nombreux artistes talentueux. Parmi eux, se trouve Fabien. Un jeune artiste prodigieux de 21 ans qui n'a rien à envier à ses aînés. A son jeune âge, il comptabilise déjà deux expositions et vend ses œuvres partout dans le monde.

Fabien Conti, qui es-tu ?

Je suis d’origine Italien-martiniquais.

Je peins, je fais de la réalisation de clips, de la décoration de clips pour les artistes.

J’aime la mode mais la base de mon travail est la peinture. Ma particularité est de peindre en grand, je peins des tableaux en grand format.

« Moi je peins, je partage »

Comment est venue ta passion pour la peinture ?

Depuis tout petit ma grand-mère m’emmener au musée. Mais aussi par mes parents qui sont dans le milieu de l’art. Ma mère était styliste et mon père ébéniste. J‘étais bercé dans ce monde-là.

*ébéniste : artisan spécialisé dans la fabrication des meubles de luxe.

Quel est le concept de ton travail, de ton art ?

Je fais une peinture méditative. Ce qui m’intéresse c’est retranscrire le calme dans mes peintures. Sortir de la réalité de Paris. Cette ville est très mouvementée donc ça nous permet de nous évader et avoir un petit moment calme.

Comment t’es venue l’idée de faire ces peintures ?

Ce sont des souvenirs. Des souvenirs d’enfance. Comme lorsque j’étais petit et que je me promenais en forêt avec ma grand-mère. Qui a découlée sur la série des arbres que j’ai faite. Mais aussi j’ai fait de la plongée sous-marine, ça m’a marqué. En effet, je me rappelle que j’avais peur mais j’étais fasciné à la fois et j’essaie de retranscrire ces émotions dans mes peintures. En ce moment, je commence donc une série sur l’eau, la mer. Pour ressentir ces émotions, il faut que ce soit honnête, sincère.

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Huile sur toile

Corail

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Huile sur toile

Combien de temps te prend ton travail ?

J’ai pris six mois à faire toutes ces peintures. Mais je peins relativement vite. En une semaine, deux semaines maximum. En revanche, pour mettre en place une exposition ça met un an pour que ce soit vraiment carré, structuré. Je ne suis pas quelqu’un de patient du tout mais quand il s’agit de quelque chose que je partage avec les gens, il faut que je prenne mon temps. C‘est paradoxal mais je suis à la fois perfectionniste et à la fois « je m’en-foutiste ».

Niveau financier, utilises-tu tes propres moyens ou as-tu des investisseurs ?

Je finance tout moi-même. Ainsi, je ne dois rien à personne. Je n’aime pas devoir de l’argent ou me dire que ça c’est grâce à telle personne que j’en suis là. Je préfère tout faire moi-même. C’est mon argent, si j’échoue, je ne m’en prendrais qu’à moi. Par contre, c’est un coût je ne m’en cache pas surtout que je peins en grand. Les prix sont assez élevés car je peins en grand format. Mes toiles ne sont pas faciles à trouver donc je me les fais livrer.

Comment se déroule une journée dans la vie d’un jeune artiste étudiant à l’École des beaux-arts ?

J’ai le temps, je ne fais rien de mes journées. Enfin, je charbonne mais ce que je fais, c’est ma passion et comme c’est ma passion, je n’ai pas l’impression de vraiment travailler. Quand je « travaille » je ne vois pas le temps passer et donc je n’ai pas l’impression d’être fatigué par ce que je fais. Enfin, à la fin de la journée je ressens la fatigue mais parce que je sors de l’atelier vers 22h justement parce que je n’ai pas vu le temps passer. Après, je vois mes amis, on sort, on se balade. Le lendemain je me réveille à l’heure que je souhaite. Mes activités en dehors de l’école sont diverses. Je vais voir des expo, je fais des photos ou je reste chez moi et je lis mais je ne fais pas trop de soirée, cela ne m’attire pas.

Quelles sont tes perspectives d’évolution ?

Continuer ce que je fais actuellement. Des expositions, m’ouvrir au Monde. Comme aux États-Unis où j’ai déjà eu des propositions. En revanche, je ne suis pas pressé. Je suis conscient qu’il faut que tu se passe bien pour le moment à Paris. Je me laisse un an pour bien peaufiner tout depuis Paris et par la suite, j’irai voir à Londres, aux États-Unis comment ça se passe.

Quelles sont les compétences clés de ton métier ?

Patience

Courage

Travail, le travail.

C’est important de savoir ce que c’est de travailler.

Certes, c’est de la peinture mais c’est un travail avant tout. Je prends tout ça au sérieux. Il faut se donner des limites car on peut vite se perdre. Il faut se fixer des règles, s’imposer un rythme de travail. À l’École des Beaux-arts on est livré à soi-même, si l’on ne se fixe pas un rythme de travail, on pense plus à profiter de la vie qu’à autre chose. Il y a des soirées qui sont organisées. On peut venir quand on le souhaite. Alors si on ne reste pas focus dans notre objectif de devenir un artiste à part entière, on peut très vite mettre le travail de côté.

Qu’est-ce que ton métier t’apporte sur le plan personnel ?

Du Bien-être

De l’Épanouissement

Je n’ai pas de routine et je développe mon autonomie.

Des conseils pour de nouveaux/jeunes artistes ?

Il faut qu’ils se lancent. Surtout qu’ils n’aient pas peur de se lancer dans leur projet.

Il y en a qui me disent « j’ai peur de me lancer dans tel ou tel format » mais je leur réponds la même chose « ne réfléchis pas, fonce. ». En vrai, ton seul ennemi dans la peinture, dans l’art c’est toi-même. Il faut se faire plaisir et ce plaisir sera partagé.

Exposition " The Call of the Wild" à la galerie Sabine Bayasli, 99 rue du Temple, Paris.

Retrouvez Fabien Conti sur son instagram @Fabienconti_